Revue de presse par Le Télégramme

Le Télégramme, le 9 aout 2015

L’oeil du danseur au manoir de Kernault

L’auberge du manoir de Kernault, à Mellac, accueille une exposition de dix images. Dix photos réalisées par Philippe Gauthier, photographe, mais aussi danseur de tango. Au manoir, le bal continue…

Le tango photographié par un danseur, c’est évidemment autre chose. Même si les préoccupations graphiques et esthétiques du créateur sont bien à l’oeuvre dans la construction des images, la recherche de Philippe Gauthier montre, en un petit nombre de photos, une lecture aboutie de l’espace, du mouvement, des danseurs, et aussi de ceux qui les regardent.

« Il n’y a pas que les danseurs dans le bal »

Quand Aurélie Le Deroff a monté l’exposition « Bal, baluche, baloche » qui anime Kernault cet été, sa recherche de visuels lui a fait découvrir le travail de Philippe Gauthier. L’artiste a accepté de s’associer à la thématique dansante du manoir avec son exposition « Regards sur le tango ». « Ce que j’aime, c’est une certaine profondeur, quand l’image peut raconter plusieurs histoires et propose aussi des notions de temps différents. Qu’on mette du temps à décrypter les photos. J’essaie de porter un regard inhabituel, un travail discret, en plongée, contre-plongée, avec les spectateurs du tango, parce qu’il n’y a pas que les danseurs dans un bal ». Philippe Gauthier, 35 ans, professeur de danse à Paris, pratique le tango depuis une douzaine d’années et parcourt l’Europe, comme danseur et photographe.

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Aurélie Le Deroff accueille le photographe et danseur Philippe Gauthier à l’auberge du manoir.

« Méditer à deux »

« J’ai une formation musicale et j’ai toujours eu envie de danser. Les danses à deux, rock, salsa, etc. Mais c’est dans le tango que l’échange avec l’autre est le plus profond. On a très vite l’impression de méditer à deux. On passe à un niveau supplémentaire de précision dans la communication. C’est ça qui fait qu’il y a des émotions fortes et intimes. Et c’est ce qui me donne envie de les capter ». Techniquement, Philippe Gautier s’en tient aux lumières naturelles et réalise des clichés en noir ou en couleur. Il utilise des optiques anciennes sur un dos numérique. « Cela me contraint à faire des mises au point manuelles, et cela oblige à prendre le temps ». Le temps du tango.
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